Lumière et ténèbres

 

Ce matin je me suis réveillée avec ce goût amer de la désespérance. Le mal n’épargne rien ni personne. Je suis sidérée. Et pourtant cette phrase s’est glissée dans ma tête : nous, catholiques, sommes des porteurs de lumière.

Comme elle est dure cette lumière ce matin, tranchante et impitoyable. Parfois on aimerait qu’elle soit plus douce, une lumière tamisée qui nous éviterait de faire face à la vérité. Ce matin, j’ai envie de laisser tomber, d’abandonner.

Porter ce n’est pas être imbu de sa propre lumière. Cette Eglise-là, je n’en veux plus. Ce n’est pas non plus orienter la lumière sur les fautes des autres et cacher ses zones d’ombres. Cette Eglise-là  n’est pas fidèle au Christ. L’Eglise d’aujourd’hui est celle de ceux qui ont les yeux ouverts. Sinon, nous nous mourrons étouffés par la boue qui colle à nos pieds.

Alors qu’est-ce que j’ai envie de porter maintenant ?

Ma lumière c’est ce trésor, ces évangiles qui me surprennent et me secouent. Paroles fermes au cœur de la tempête. On ne négocie pas avec le mal.

Ma lumière c’est la prière, mystère d’une présence à mes côtés. Je la sens mais ne la vois pas. Je lui parle et elle me répond et pourtant je me tiens dans le silence. Elle me dit : Ouvre les yeux et parle.

Ma lumière c’est la rencontre avec tous ceux qui se tiennent aux cotés de la souffrance, écoutent et rassurent, pansent et réconfortent. Qu’ils soient petits ou grands, hommes et femmes de pouvoir ou modestes anonymes.

Et si ce matin, ils se disent comme moi : Je n’y arriverai jamais. La nuit m’envahit.

Alors ils entendront cette petite voix à leur oreille qui chuchote : Je t’ai choisi pour être mon porteur. Ma lumière est plus forte que la nuit.